Une société à bout de souffle


Débattre politique avec des inconnus est toujours un peu risqué. Récemment, j’ai eu l’occasion de parler des élections américaines avec quelqu’un qui venait tout droit du pays de l’oncle Sam lors d’un congrès à New York. Nous avons notamment évoqué Ted Cruz, ce sénateur texan qui fait frire son bacon sur sa mitraillette pour décrire son mode de vie. Sur le moment, j’ai pensé que nous ne connaissions rien de semblable en France. Certes, nous avons bien eu un Jacques Cheminade qui comparait la réforme de la santé américaine à celle mise en place par Hitler, mais celui-ci n’avait aucun rapport avec le fou républicain : son score à lui était marginal ! Mais avec un peu recul, je commence à croire que la France suit une trajectoire identique à celle des Etats-Unis. Car ce que mettent en évidence ces élections, c’est que les gens ne veulent plus de l’ordre actuel, comme chez nous, est rejeté en bloc. Là-bas, ce sont des gens comme Donald Trump qui progressent : des challengers qui prônent la destruction du modèle actuel. Mais ici, nous avons un équivalent puisque nous avons la blonde marine qui attire. Dans les deux cas, c’est le même topo : l’électorat rejette les élites. Un phénomène n’est pas neuf. Lors des élections de 2002, déjà, un certain Jean-Marie Le Pen passait au second tour.. Il s’agit davantage d’une vague de fond qui a grossi au fil des années. Peut-être que ça a commencé en 68. Et puis ça a gagné en puissance avec les crises économiques, la montée de la dette publique, la montée du chômage.. Durant ce congrès à New York, une personne a décrit ce rejet comme une menace pour nos démocraties. Mais je ne partage pas cette crainte. A mes yeux, cela fait à mes yeux partie d’un cycle naturel de construction et de destruction.


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