Le refus du vieillissement et la dépendance


Le refus du vieillissement par notre société comme par la médecine conduit souvent, via une surmédicalisation, à certaines situations de sur-fragilisation et de sur-vulnérabilisation. Ces situations font le lit de la dépendance. Le terme de dépendance est à comprendre dans le sens de l’apparition d’une série d’incapacités. C’est bien le sens que lui a donné la loi du 24 janvier 1997 dans son article N°2 sur la prestation spécifique dépendance: « la dépendance …. est définie comme l’état de la personne qui, nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie, et/ou requiert une surveillance régulière ». Lorsque la dépendance est évaluée comme étant trop prévalente, elle conduit assez systématiquement à l’institutionnalisation de la personne âgée. L’appréciation de la dépendance est polluée par les limites financières des personnes concernées, limites rapidement atteintes lorsque les aides au maintien à domicile sont insuffisantes en nombre et en temps, voire inadaptées. Le consensus administratif et populaire pour le maintien à domicile du plus grand nombre et le sens essentiel de la loi ne suffisent pas à contrecarrer les effets pervers de cette appréciation finalement assez arbitraire. Ainsi, malgré le souhait réitéré, avec constance, par l’immense majorité des Français de pouvoir rester à domicile jusqu’à la fin naturelle de leur vie, et ce depuis très longtemps, même si la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement apporte des améliorations évidentes en ce sens, il n’y a toujours pas, aujourd’hui en France, de véritable volonté politique pour une réelle mise en œuvre cohérente des aides nécessaires au maintien à domicile. Le plafonnement légal des plans d’aide APA empêche les équipes médico-sociales des conseils départementaux de proposer d’éventuelles dérogations qui permettraient dans certains cas un maintien à domicile souhaité. Paradoxalement il peut être observé que faute de moyens en personnels et des budgets y afférant, les bureaux d’aide sociale des collectivités territoriales ne peuvent fournir une prise en charge suffisante. Dans ce cas, malgré la réticence manifeste de la personne en cause il peut être décidé de la contraindre à quitter son domicile pour l’EHPAD. La conséquence pour la collectivité locale est une dépense d’aide sociale supérieure à ce qu’aurait coûté le versement de l’APA même majorée au-delà du plafond.


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