Quel horizon pour l’univers numérique


Nous avons un devoir de lucidité. L’univers numérique s’est construit tout entier autour de la fluidité des usages. Des services associés intimement à nos vies quotidiennes ont favorisé une forme d’inconscience des enjeux. Nous avons, chacun individuellement, laissé une forme d’apathie nous gagner. Des forces considérables œuvrent dans le sens d’un abaissement des exigences collectives en matière de protection. Tout cela se développe sous les meilleurs prétextes. On nous explique que « tout ceci est pour le bien de l’humanité, de la démocratie, de la liberté individuelle ». La technologie se pare alors d’un habit de moine évangélisateur. En Europe même, un discours d’abandon se fait entendre insidieusement. Il n’est pas rare d’entendre dénigrer notre modèle protecteur des libertés et des personnes. On vante l’exemple américain, qui serait plus efficient. On exalte les géants chinois du numérique. On agite l’illusion de la propriété des données comme un concept moderne permettant aux individus de gagner de l’argent et de rééquilibrer les rapports de force avec les grands acteurs de l’Internet, alors que cela ne ferait que creuser le déséquilibre et fragiliser le modèle européen nouvellement négocié qui promeut des outils novateurs comme le droit à la portabilité ou le recours collectif. Ces discours témoignent surtout d’une incroyable volonté de ne pas voir. L’observation d’autres écosystèmes que le nôtre devrait pourtant finir de nous ouvrir les yeux sur le potentiel d’asservissement des individus que recèle le numérique.


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